Un con en hiver

Sokal, Benoît (scénario) et Regnaud, Pascal (dessin)

Bande dessinée
Casterman, 2018, 48 pages, 11.5 €

🙂 🙂 🙂 Un canard toujours fringant - critique complète

Alors qu’il croupit dans une prison du Belgambourg, un petit pays coincé entre la France, la Belgique et l’Allemagne et réputé pour laver toute monnaie plus blanche que blanche,  Canardo reçoit la visite de la duchesse en titre du pays. Cette dernière, non contente d’être responsable de la situation de notre palmipède privé préféré (voir les épisodes précédents du dit palmipède), sollicite l’aide de Canardo pour retrouver le duc Léon, son père, qui semble avoir été enlevé par de dangereux djihadistes. Canardo enverrait bien bouler la sans-gêne, mais comme elle lui propose ni plus moins que l’amnistie pour les crimes qu’il n’a pas commis, il accepte la mission. Entre les services secrets wallons, les djihadistes déguisés en scouts et une duchesse armée jusqu’aux dents, il va devoir user de diplomatie, de sang-froid et d’un certain sens de la tactique d’attaque pour libérer le vieux duc dont toutes les frites ne semblent plus logées dans le même cornet.

Bien avant les enquêtes de Blacksad, autre détective ayant les traits d’un animal, il y eut, créé en 1981 par Benoît Sokal (qui a, depuis le tome 22, définitivement cédé le crayon à Pascal Regnaud pour ne plus s’occuper que du scénario), un privé nommé Canardo et effectuant ses débuts sous formes d’histoires courtes dans le regretté mensuel « A Suivre » des éditions Casterman. Nous en sommes ici à sa 25ème enquête et, si certains personnages sont déjà apparus dans de précédentes histoires et que le privé est à présent lesté d’un passif qui compte, aborder son univers avec cet épisode sans avoir lu les précédents ne pose pas de problème.

Le moins que l’on puisse écrire, c’est que les années passent mais qu’un bon Canardo reste une lecture revigorante. Son dessin « ligne claire animalière » soigné et ses dialogues joyeusement anticonformistes développent un salvateur pouvoir d’aération des neurones. Tantôt franchement crues, tantôt joliment ironiques, de nombreuses répliques ne manqueront pas de faire sourire les lecteurs amateurs de bons mots et de situations rocambolesques, quand elles ne se révèlent pas franchement absurdes. Si l’on se trouve ici en présence d’une intrigue somme toute basique, un peu à la manière de ces films français des années ’60 et ’70 dans lesquels les acteurs avaient des gueules et les scénaristes une plume, le tenancier de l’univers canardien en profite-t-il pour tirer à vue et avec talent sur les politiques véreux, les terroristes décervelés, les barbouzes en roue libre et même les agents immobiliers sournois. De la bd polardeuse du meilleur cru, que du plaisir !

Nicolas Fanuel

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