Le gamin des ordures

Ewa, Julie
Policier & Thriller
Paris : Albin Michel, 2019, 401 pages, 19.90 € (Collection Spécial Suspense)

🙂 🙂 🙂 🙂 Plus loin que les ordures

Recroquevillés au fond d’une impasse où sont entreposées des bennes à ordures, deux enfants et un adulte tentent de s’abriter de la pluie. Lorsqu’elle les aperçoit, la jeune Lina leur apporte aussitôt de l’aide en leur procurant une tente.
Les Stanescu viennent de Roumanie. Le père a atterri ici, dans le nord de la France, avec ses enfants, Darius, neuf ans, et Cybèle, seize ans, espérant récupérer un peu d’argent pour rembourser sa dette au passeur.
Un destin tristement banal pour une famille Rom, à la merci des trafiquants en tout genre, qui bascule lorsque Darius et son père sont portés disparus. Alertée par Cybèle, Lina part à leur recherche avec l’aide d’un ami, Thomas, remontant la piste périlleuse d’un réseau criminel aux ramifications puissantes.

Humanité

Une petite descente aux enfers. Une traversée détaillée avec une famille roumaine qui part pour la France avec cet espoir de trouver une vie meilleure. Pour y arriver, le père de cette famille contracte une dette près d’une personne qui émet des conditions spécifiques. Le montant devra être remboursé dans les 3 mois au maximum sans quoi, la somme sera doublée. Une arnaque bien rôdée car en promettant une vie meilleure en France, ce passeur endette les roms. L’arrivée en France laisse cette famille dans le désarroi : pas de maison, pas de rêve, juste un « platz » comme ils l’appellent. Des endroits qui ne sont pas tolérés par les « gadjés ». Des endroits qui sont ravagés et d’où, la plupart du temps, les gens sont expulsés.
C’est dans ce cadre que nous commençons le récit. On apprend à connaître Darius et Cybèle. Ce gamin de neuf ans qui aime courir après les rats, adopter un crapaud comme animal domestique et qui ferait tout pour aider son père à rassembler l’argent pour rembourser le passeur. Et Cybèle, qui ne lâche pas son dictionnaire de français, fière et combattive, belle et déterminée. Quelle énergie dans cette famille contre qui le sort s’acharne. Quelle misère. Tandis qu’ils combattent en France après avoir cru à un beau rêve d’avenir plus beau, le reste de la famille attend de pouvoir les rejoindre en Roumanie.
Tout ne se passe pas comme prévu. La nature humaine est cruelle. Les gens considèrent les roms comme des déchets humains et ne veulent pas avoir affaire à eux. Seulement voilà, Lina n’est pas de ce genre-là. Quand Darius, Cybèle et leur père se retrouvent sans rien après avoir été expulsé du camp de membres de leur famille, elle leur donne une tente. Elle s’inquiète, elle s’intéresse.
Et puis quand Darius et son père viennent à disparaître, quand Cybèle vient lui demander de l’aide, elle ne peut faire autrement. Elle part en croisade.
« Le gamin des ordures »et un roman prenant, rythmé, empreint d’humanité. On s’attache à Darius et son crapaud, on aimerait soutenir Cybèle qui tente ce qu’elle peut, on admire Lila pour ses convictions et ses combats. Suspense et émotions sont au rendez-vous. Cette histoire est dure malgré tout. Si l’humanité du récit nous touche un tant soit peu on se pose des questions plus profondes sur la vie des roms. Des personnes engagées dans l’humanitaire vont aider cette famille sans rien demander en retour et découvrir des réseaux qu’ils n’imaginaient pas. C’est une course contre la montre. Dynamisme, changements de perspectives, évolutions de l’intrigue, personnages attachants. Une multitude d’ingrédients qui rendent ce roman fort. Il faut le lire jusqu’au bout. Sinon comment savoir si Darius va bien ? Comment savoir si Cybèle va retrouver sa famille ?
Ce récit prend aux tripes, jusqu’à la dernière ligne.
Elodie Mercy

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