Afterland

Beukes, Lauren ; traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Laurent Philibert-Caillat
Science-fiction
Paris : Albin Michel, 2022, 504 pages, 23.90 €

🙁 Le dernier fils

Plus de 99,9% des hommes sont morts.
Trois ans après la pandémie qui les a balayés, les gouvernements tiennent bon et la vie continue. Mais le monde d’après, dirigé par des femmes, exsangue d’un point de vue économique, n’est pas forcément meilleur que celui d’avant.
Miles, 12 ans, est un des rares garçons à avoir survécu. Sa mère, Cole, ne veut qu’une chose : élever son enfant en Afrique du Sud, chez elle, loin des États-Unis, dans un sanctuaire où il ne sera pas une source de sperme, un esclave sexuel ou un fils de substitution.
Traquée par Billie, son implacable sœur, Cole n’a d’autre choix pour protéger son fils que de le travestir.
À l’autre bout des États-Unis un bateau pour Le Cap les attend.
Le temps est compté. (présentation de l’éditeur)

Dernière livraison chez Albin Michel Imaginaire

En quatre années d’existence et avec plus d’une trentaine de titres à son actif, « Albin Michel Imaginaire » compte déjà comme l’une des collections d’imaginaire les plus passionnantes de ces dernières années. Le catalogue, dirigé d’une main de maître par Gilles Dumay, contient de très nombreuses pépites à l’image du dernier Laurent Genefort, sorti en début d’année : Les Temps Ultramodernes. En misant sur Lauren Beukes, autrice sud-africaine précédemment remarquée pour un Zoo city fort réussi, on pouvait espérer ajouter un nouveau trophée au tableau déjà bien garni de la collection. Il n’en est rien, malheureusement.

Un roman post-apocalyptique de plus

Les récits post-apocalyptiques ne sont assurément pas une invention moderne mais il est assez interpellant de constater leur multiplication ces dernières années. Après le space opera au XXe siècle, la science-fiction contemporaine semble connaître avec ce sous-genre son expression la plus courante et la plus convenue. Si une lassitude, bien légitime, peut s’installer chez le lecteur, la multiplication des propositions implique également une hausse de son exigence. Quitte à lire un énième récit post-apocalyptique, encore faut-il qu’il tire son épingle du jeu. Le postulat de départ d’Afterland, à savoir la disparition presque complète des hommes, pourrait être cette exception. Malheureusement, lui aussi semble connaître un beau succès et sans même prendre en compte les classiques du genre (Les Hommes protégés de Robert Merle, Chroniques du pays des mères d’Elisabeth Vonnarburg ou encore Moi qui n’ai pas connu les hommes de Jacqueline Harpman), l’actualité récente témoigne de cette vogue. Pensons à Biotaniste d’Anne-Sophie Devriese (en 2021 chez ActuSF) ou encore à La fin des hommes de Christina Sweeney-Baird (en 2022 chez Gallmeister).

Un thriller sans grande épaisseur

Au-delà du cadre un peu convenu de l’intrigue, le plus décevant est sans nul doute le manque d’ambition autour de ce postulat de départ. Toute imprégnée de son thriller, au demeurant un peu poussif, l’autrice ne semble tirer presque aucune conséquence de son univers futuriste. Le lecteur pourra tout au plus découvrir que dans un monde sans homme, la reproduction des inégalités, les pulsions de morts et les comportements égoïstes sont toujours aussi courants. En somme, la femme est également un loup pour la femme. Un bien maigre constat pour un roman de plus de 500 pages. Car le récit est long, trop long, et, malgré quelques bonnes idées, il lasse rapidement. Au vu de l’intrigue, finalement très réduite, le roman aurait gagné à un très net resserrement. La plume, sèche et acérée de l’autrice, s’y prêtait largement. En reste un récit non pas totalement indigeste mais largement oubliable.

Déception

Sorte de road-trip en forme de course contre la montre, Afterland mise bien plus sur le suspense de son côté thriller que sur l’originalité de son univers post-apocalyptique. Malheureusement, le récit est plombé par d’inutiles longueurs et le style très nerveux de la narration lasse plus qu’il n’accroche. Un roman loin d’être indigne, mais tout juste passable. À réserver aux amateurs inconditionnels du genre.
Nicolas Stetenfeld

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