Loughran, Peter ; traduit de l’anglais par Jean-Paul Gratias
Policier & Thriller
Paris : Points, 2019, 288 pages, 7.20 €
🙂 🙂 Inquiétant personnage
Lorsqu’on en vient à décider de tuer sa compagne, il faut penser à toutes les façons envisageables de se débarrasser de son corps. Et le « héros » de ce petit livre va passer en revue une kyrielle de manières de faire disparaître les pièces à convictions corporelles.
Avec un détachement, une lucidité et une bonhomie presque exaspérants ! Bien sûr, Jacqui a mérité ce qu’il lui est arrivé (elle a été strangulée sur son lit) : une femme à la morale, aux manières et à la perversité si problématiques ne peut espérer survivre bien longtemps. A un physique peu avenant souligné par beaucoup de poils aux pattes (et ailleurs), Jacqui a ajouté une série d’infidélités conjugales, un mépris de tous les instants, un rejet de toutes les tentatives de séduction de son mari. Et cela s’est encore envenimé dès lors qu’elle a eu un polichinelle dans le tiroir ! Non, vraiment, une garce pareille, on n’en fait plus.
Le roman de Peter Loughran ne ménage pas son lecteur, l’emmenant sur les pentes glissantes du politiquement-socialement-incorrects et de l’expression d’une misogynie consommée. Et on se prend à apprécier cette provocation – tout en l’abjurant, bien entendu – en se disant que si cela continue comme çà jusqu’au bout, on tient une pépite de roman noir et désespéré. Las, à partir du moment où le mari éploré rend compte des techniques de momification des Egyptiens – qu’il a appris dans les livres – le texte se fait un peu plus pesant. Le focus sur l’ABC de la momification, parce qu’il s’étend sur près de 40 pages, rompt le rythme du roman jusque-là enlevé, trépidant.
Il n’empêche que ce roman offre une véritable respiration, un voyage dans une dépravation domestique assumée, une plongée dans la psyché fortement déviante d’un quidam abject.