La croisière Charnwood

Goddard, Robert; traduit de l’anglais par Marc Barbé
Policier & Thriller
Paris : Sonatine, 2018, 456 pages, 22 €

🙂 🙂 🙂 "Toujours, il y a la guerre"

Guy Horton et Max Wingate sont des escrocs nomades. Tous deux vétérans de la guerre de Macédoine, ils « rodent dans les lieux de prédilection de la noblesse rentière »,à la recherche de plans juteux, entre riches héritières et autres placements. En 1931, ils quittent précipitamment les Etats-Unis suite à la révélation d’une fraude bancaire. Sur le bateau, Guy croise le chemin de Vita Charnwood et de sa nièce. Diana Charnwood est l’unique héritière de Charnwood Investments, et très belle femme qui plus est. Le couple d’amis voit là une excellente occasion de reproduire le coup du Touquet, où les fiançailles de Guy avaient été interrompues moyennant une coquette somme par le père de la victime. Cette fois, c’est Max qui s’y colle, remué par la beauté de la jeune femme.

Contre toute attente et au désappointement de Guy, Max et Diana semblent tomber amoureux l’un de l’autre, au point d’envisager le mariage. Mais Fabian Charnwood apprend rapidement le passé immoral des deux compères, et somme Guy de convaincre Max de renoncer à sa fille. Il menace même de la déshériter si elle lui désobéit. Aux abois à l’idée de perdre le pactole convenu, Guy accepte d’espionner les amoureux pour le compte du redoutable homme d’affaires. Jusqu’au drame…

Les croisières constituent de merveilleux cadres pour une intrigue policière. Le titre et la couverture français du nouveau roman de Robert Goddard sont certes attractifs, mais trompeurs : ladite croisière ne sert que de prétexte à la rencontre des principaux protagonistes. L’essentiel est ailleurs. Le choix originel de l’auteur, « Closed Circle », est évocateur à plus d’un titre.

Fidèle à l’œuvre de Goddard, « La Croisière Charnwood » est une intrigue remarquablement construite, et intimement liée à l’Histoire du XXème siècle. La situation politique et financière de l’Angleterre, post krach boursier, mais aussi et surtout la Première Guerre mondiale, guident les pas des protagonistes. Tenant plus du roman d’espionnage, elle contient sa part de rebondissements et de faux-semblants, ne laissant au lecteur que peu de répit, et ce jusqu’au bout. D’autant plus qu’il ne dispose que de l’unique point de vue narratif de Guy Horton. Ce personnage que la guerre a changé, mais qui est aussi modelé par un passé familial difficile, qu’il peine à appréhender sereinement. Robert Goddard mêle l’Histoire à l’intime de façon magistrale. Il nous prouve encore une fois combien il est un grand écrivain.

Barbara Mazuin

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