La servante écarlate : le roman graphique

Atwood, Margaret ; adaptation et illustrations Renée Nault ; traduit de l’anglais (Canada) par Michèle Albaret-Maatsch
Bande dessinée
Paris : Robert Laffont, 2022, 248 pages, 23 €

🙂 🙂 Nouvelle adaptation, un peu trop personnelle, du roman à succès 2/4

Pour ceux qui n’ont jamais entendu parler de La servante écarlate, je pense qu’il est nécessaire de vous présenter d’abord l’œuvre originale de Margaret Atwood. Car tout vient du roman, ou plutôt des romans, qui ont été écrits entre 1985 et 1987 par Margaret Atwood.
Dans un futur proche, aux relents de dictature et de guerre froide, dans la république de Galaad, les femmes n’ont plus aucun droit. Vêtue de rouge, June, devenue DeFred, est une « Servante écarlate  » parmi tant d’autres, à qui l’on a ôté jusqu’à son nom. Réduite au rang d’esclave sexuelle et privée des libertés élémentaires, elle a été affectée à la famille du Commandant Fred Waterford et de son épouse et, conformément aux normes de l’ordre social nouveau, met son corps à leur service. Car à une époque où les naissances diminuent, DeFred et les autres servantes n’ont de valeur que si elles sont fertiles.
N’ayant d’autre échappatoire que ses souvenirs, DeFred se remémore le monde d’avant, quand elle était une femme indépendante, jouissant d’un emploi, d’une famille et d’un nom à elle. Aujourd’hui, ses souvenirs et sa volonté de survivre sont de véritables actes de rébellion.
Provocant, déconcertant et prophétique, « La Servante écarlate » est un phénomène mondial. Adapté de nombreuses fois, au cinéma, au théâtre, à l’opéra, c’est son adaptation en série télé, en 2017, qui révèlera l’histoire au grand public. Relançant l’engouement pour l’ouvrage initial, vendu à plus de 8 millions d’exemplaires dans le monde.
Et nous découvrons  ici une nouvelle adaptation du roman à succès, mais cette fois ci en bande dessinée ou plutôt enroman graphique.

Des illustrations froides et sombres

Renée Nault est une illustratrice canadienne, connue pour ses illustrations éclatantes, à l’encre et à l’aquarelle. Elle travaille pour des publicités, des magazines, et des journaux à travers le monde. Mais son nom est déjà tellement rattaché à ce nouvel ouvrage qu’il devient même difficile de l’en défaire.
Pourtant, on peut se demander quelles sont les motivations d’une telle illustratrice pour s’attaquer à une histoire si souvent mise au-devant de la scène ces dernières années Car, on imagine aisément à quel point l’exercice s’avère difficile, et la critique facile.
Pourtant Renée Nault s’en sort bien. Avec ses illustrations froides et sombres, et pourtant parfois très colorées, elle reproduit avec brio l’atmosphère générale de l’ouvrage initial. À sa manière, elle transpose sur papier les images qui ont alimenté sa lecture du roman, alors qu’elle n’était alors qu’adolescente.
En adaptant ce roman au 9eme art, pour rythmer davantage la lecture, elle a également pris l’initiative de transposer la narration initiale du monologue  intérieur en dialogues.
Une très belle adaptation graphique de l’ouvrage initial, même si, au-delà de la qualité du travail, on peut se poser la question de la pertinence de la démarche, peut-être trop personnelle et pas assez originale pour sortir du lot.
Pierre-Emmanuel Mullier

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