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Férey, Caryl
Policier & Thriller
Paris : Les Arênes, 2021, 400 pages, 22.90 €

🙂 Meurtre en Sibérie

Norilsk, Sibérie. Les températures peuvent descendre jusqu’à 60 degrés sous zéro. Et l’hiver qui dure 8 mois. Les jours de tempête, un piéton peut « voler » jusqu’au second étage d’un immeuble. Certains quartiers, bâtis sur le permafrost, sont constitués d’immeubles quasi collés les uns aux autres, ne laissant qu’un étroit passage pour protéger les piétons du vent glacial. Un immeuble ne constitue cependant pas toujours un refuge : un ouragan arctique fait s’effondrer une partie d’un bâtiment, révélant le cadavre d’un Nenets, un éleveur de rennes. Ce peuple traditionnel ne s’aventure guère en ville, alors que venait faire celui-ci à Norilsk ?
Boris, un flic à l’allure négligée et récemment muté en Sibérie, va devoir y répondre. S’il doit d’abord identifier la victime (sans savoir depuis combien de temps le corps est congelé), son enquête évolue très vite, car il semblerait que le Nenets ait été assommé. Or, Norilsk est un peu un goulag à ciel ouvert : la population est un ramassis de laissés pour compte. La corruption a la part belle, tandis que les mineurs se ruinent la santé pour récolter du nickel, comme Gleb, photographe amateur, et son rude compagnon Nikita.

Polar noir et social dans un environnement extrême

Caryl Férey a donc quitté Gallimard et sa « Série noire » pour les Arènes. L’ouvrage paraît dans la collection EquinoX, pour le plus grand plaisir de millions de fans à travers le monde. Caryl Férey est devenu une sacrée pointure du polar, emportant ses lecteurs dans autant de paysages exotiques qu’il n’a écrit de livres. Ils n’ont cependant d’exotiques que la signification première du terme, « lointains ». Les territoires explorés par Caryl Férey n’ont rien d’enviable, marqués par un passé douloureux dont les racines sont encore visibles en surface : colonisation, dictature, apartheid. Il a donc posé ses valises dans un environnement extrême, propice au polar noir, avec l’aspect social qu’on est en droit d’attendre chez Férey.
Il décrit volontiers la laideur et l’âpreté d’une existence sibérienne. Pas de perspective pour les habitants, surtout s’ils sont homosexuels ou en mauvaise santé.
A titre personnel, je trouve son écriture un peu trop documentaire, à vouloir contextualiser chaque type de personnage par rapport à son environnement. Le fruit de quatre années d’enquête préalables à la parution de son roman. Un écrivain certes impliqué, mais dont le style sans cesse démonstratif atténue quelque peu le fil rouge du lecteur.
Barbara Mazuin

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