La petite gauloise

Leroy, Jérôme
Policier & Thriller
La Manufacture des Livres, 2018, 141 pages, 12,90 €

🙂 🙂 🙂 Uppercut - critique complète

Un indic, un flic. Relations tendues, prudence de chaque instant : dans cette « grande ville de l’Ouest » comme l’appelle l’auteur, certains quartiers réclament toute l’attention de ceux qui y circulent. Attentifs, le flic et l’indic ne le furent sans doute pas assez : l’info qu’ils devaient faire passer n’est finalement que partiellement transmise aux autorités compétentes. Un attentat est en préparation, dans la grande ville de l’Ouest. Où exactement ? Comment ? Par qui ? Les autorités s’interrogent et se renvoient la patate chaude. On investit avec force et vigueur les quartiers difficiles. Des têtes tombent. Sont-ce les bonnes ?

Pendant ce temps-là, Alizée Lavaux, une « auteure jeunesse » arrive, dans cette même grande ville de l’Ouest, au Lycée Charles Tillon où elle s’est engagée à parler de son dernier livre. Son contact est Flavien Dubourg, un prof de français vaguement désabusé, solitaire malgré lui et physiquement très épris d’Alizée Lavaux. La classe de Flavien Dubourg ne compte qu’un nombre réduit d’amateurs de littérature, il se pourrait même que ce nombre soit inversement proportionnel au nombre de fouteurs de merde et, qui sait, de jeunes gaulois suffisamment désenchantés pour embrasser une cause idiote.

 

Ce qu’il y a de bien avec Jérôme Leroy, c’est sa cohérence. Enfin, la cohérence de son œuvre en tous cas. Si vous avez lu « Le Bloc » et « L’Ange gardien », vous ne tomberez pas des nues en lisant qu’ici aussi, dans cette « Petite Gauloise », un parti nommé « Bloc Patriotique » est au pouvoir dans certaines villes françaises. De même, voir une ravissante auteure jeunesse occuper un des premiers rôles ne vous surprendra pas : Jérôme Leroy est lui-même régulièrement en visite dans des établissements scolaires -il est l’auteur de plusieurs titres en collection jeunesse. Ses personnages masculins sont souvent des amoureux des plaisirs de la vie : au-delà des engagements politiques et de la conscience de ce monde en déliquescence, la bonne chère et un bon vin en compagnie de la femme qu’on aime restent des moyens de garder la tête hors de l’eau. C’est son dandysme à lui, savoir que ça finira mal, mais y aller avec le sourire. Et c’est exactement ce qu’il nous donne à lire ici : son histoire va mal finir, mais il a le chic de nous l’amener sourire crispé aux lèvres, sens de la formule qui fait mouche, comique absurde contre-balançant un hyper-réalisme de chaque instant. Personnages crédibles et intrigue qui ne laisse pas une minute de répit entre les rodomontades policières et le vague à l’âme enseignant font de cette « Petite gauloise » une réussite, un uppercut qui ramène le nez du lecteur tout droit dans la merdouille ambiante, mais avec le sourire.

Nicolas Fanuel

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