Le bon père

Diaz, Santiago ; traduit de l’espagnol par Thomas Dangoumau
Policier & Thriller
Paris : Cherche-Midi, 2022, 426 pages, 21.90 €

🙂 🙂 Aux amateurs de polar tonique

Gonzalo Fonseca n’y a pas échappé : le tribunal l’a condamné à une lourde peine de prison. Bon, faut dire que les flics l’avaient retrouvé dans sa propre maison, un grand couteau de cuisine à la main, couvert du sang de sa jeune épouse dont le cadavre mutilé gisait à quelques mètres de lui. Le garçon a toujours nié, ses proches ont témoigné en sa faveur, sa mère en est morte de chagrin, rien n’y fît : depuis, il croupit en tôle.
Un an plus tard, son père prévient la police : il a enlevé trois personnes en lien avec le procès de son fils (qu’il estime truqué) et les a séquestrées en trois endroits différents de la capitale espagnole. Il donne trois semaines aux poulets pour rouvrir l’enquête et établir les preuves de l’innocence de Gonzalo. Sans quoi, un des otages mourra chaque semaine. Convaincu que la majorité des flics sont pourris, il demande expressément que ce soit la capitaine Indira Ramos, connue pour sa probité exemplaire, qui reprenne l’affaire. Ainsi fût fait.

Une flic hyper-pro

Deuxième roman pour Santiago Diaz, « Le bon père » réveillera l’amateur de polar tonique qui sommeille en vous : il combine avec bonheur intrigue solide, personnages crédibles et rythme enlevé. Au-delà du dépaysement certain offert par la ville de Madrid, le personnage d’Indira Ramos attire immédiatement l’attention. Hyper-professionnelle, elle n’hésite pas à invectiver ses collègues au moindre manquement à la procédure. Touchez aux règles de déontologie et elle vous dénonce -elle ne voit même pas comment elle pourrait agir autrement. Elle est également atteinte d’un TOC qui la rend soucieuse à l’extrême de la propreté et de l’ordre : « Ce ne sont pas seulement les bactéries […]. Le désordre aussi me fait flipper. Voir des choses mal rangées provoque chez moi un trouble qui m’empêche de penser clairement. Et il y a d’autres symptômes : dès que je vois un trottoir avec des dalles noires et blanches, je ne peux marcher que sur les noires, sinon je dois revenir au début ». Ce ne sont pourtant pas cet hyper-professionnalisme ni ce TOC malheureux -caractéristiques à l’origine de quelques scènes assez drôles – qui l’empêcheront de prendre les deux enquêtes (retrouver les otages et rouvrir l’affaire du meurtre de la femme de Gonzalo) à bras-le-corps. À la tête d’une équipe de policiers dont certains n’étaient pas dès le départ acquis à sa cause, Indira va plonger au cœur de magouilles politiques mâtinées d’histoires de cœur qui avaient visiblement échappé aux enquêteurs d’origine.

Des thématiques originales, abordées sans œillères

Au fil d’une narration tout sauf linéaire, le roman, au gré de chapitres courts et toniques, ne nous perd pourtant jamais. Idem pour les personnages, nombreux, typés au départ mais qui évoluent et gagnent progressivement en épaisseur, là non plus on ne s’égare pas. L’intrigue se révèle à la fois nerveuse, rapide, et complexe. Au fil de celle-ci, l’auteur aborde sans œillères et sans crainte de déplaire des thématiques telles que la paternité, la droiture, la solitude sentimentale, les abus de pouvoir et le sens des responsabilités et ce, toujours avec un humour tantôt ironique, tantôt plus cru. Vivement recommandé !

 

Nicolas Fanuel

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