Les temps ultramodernes

Genefort, Laurent
Science-fiction
Paris : Albin Michel, 2022, 458 pages, 22.90 € (Imaginaire)

🙂 🙂 🙂 Les aventuriers de Mars

En débarquant à la capitale en quête d’un emploi d’institutrice, Renée est loin de se douter qu’elle va tomber sur un Martien blessé. Mais ce Paris-là n’est pas le nôtre. Grâce à la découverte de la cavorite, un métal miraculeux, les voitures volent, des paquebots transcontinentaux appontent aux quatre tours Eiffel parisiennes, et Mars est une destination comme une autre. Quand Marie Curie découvre que la cavorite a une durée de vie limitée, elle ignore à quel point le monde va en être bouleversé. Deux ans après le « vendredi noir » de 1923, les empires occidentaux bataillent pour récupérer les dernières miettes de la si précieuse manne. Contre vents et marées, Renée soigne son protégé et décide de le ramener sur sa planète natale. Comme elle, Marthe, une intrépide journaliste, et Georges, un jeune artiste pris dans un mouvement politique qui le dépasse, seront les témoins, mais aussi des acteurs de premier plan, de cette époque-charnière pleine de bruit et de fureur. (présentation de l’éditeur)

Nouvelle livraison d’un grand de la science-fiction

Tout lecteur de science-fiction et de littérature de l’imaginaire en général connaît le nom de Laurent Genefort. L’auteur, après avoir entamé sa carrière dans la mythique collection « Anticipation » des éditions Fleuve Noir à la fin des années 1980, a publié plus de cinquante livres chez d’innombrables éditeurs. Au fil d’une œuvre riche et passionnante, il s’est ainsi imposé comme l’un des auteurs les plus intéressants de ces dernières années. L’annonce de son arrivée dans l’excellente collection « Albin Michel Imaginaire » présageait donc du meilleur. Disons-le, nous ne sommes pas déçus.

Merveilleux scientifique

En plus d’être un auteur particulièrement prolifique, Laurent Genefort est également un véritable spécialiste de la science-fiction, à laquelle il a d’ailleurs consacré une thèse de doctorat. Ses connaissances lui ont certainement été bien utiles pour l’écriture de ces Temps ultramodernes ; car le récit, un peu à l’image de ce que fait depuis quelques années Alex Alice en BD avec sa série Le château des étoiles, veut faire revivre tout un imaginaire prospectif typique de la fin du XIXesiècle et du début du XXe siècle : le merveilleux scientifique. Pour l’occasion, Genefort réactive les grandes thématiques propres au courant (voyages interstellaires, découvertes de vies extraterrestres, figure du savant fou…) tout en rendant hommage aux maîtres du genre. Si l’on peut effectivement voir dans ce roman du Jules Vernes ou du Paul D’Ivoi, c’est surtout du côté de figures comme H.G. Wells (inventeur de la cavorite, cette matière au cœur du récit de Genefort) ou de Gustave Le Rouge (dont il reprend le bestiaire martien) que l’on lit les références les plus explicites.

Un roman dans son temps

Extrêmement bien retranscrit et documenté, ce tableau d’une Belle Époque uchronique ne résume à lui seul le roman. Laurent Genefort, à travers un récit multipliant les points de vue et les personnages, nous conte une histoire aux échos contemporains : raréfaction des ressources, exploitation irraisonnée de la nature et du vivant, crise économique, inégalités sociales, etc. Autant de thématiques qui plongent le lecteur dans des considérations… ultramodernes sans pour autant tomber dans une forme de moralisme superflu. Car le récit est, à l’instar de l’imaginaire auquel il veut rendre hommage, un formidable outil d’évasion et l’on se surprend à enchaîner les chapitres avec un plaisir de lecture évident. Malgré les plus de 450 pages que forment le roman, on pourrait même regretter que l’auteur conclue un peu rapidement son récit. L’intrigue, et le lecteur avec lui, aurait sans problème supporté 100 ou 200 pages supplémentaires.
Le roman de ce début d’année
Avis aux amateurs de science-fiction, Les Temps Ultramodernes est certainement le roman à lire en ce début d’année. Loin des dystopies catastrophistes qui se multiplient ces derniers temps, Laurent Genefort s’immisce dans l’uchronie et renoue, sans nostalgie excessive ni naïveté mal placée, avec un certain imaginaire prospectiviste de la Belle Époque. À travers un récit choral parfaitement maîtrisé, l’auteur fait voyager le lecteur de Paris à Mars tout en mettant en scène des problématiques propres à notre époque. Une réussite totale que l’on quitte avec regret. Momentanément ? Espérons-le…
Nicolas Stetenfeld

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