Parfum de soie

Plongeon, Isabelle et Breteau, Carole (scénario); Dimat, Dana (dessin)
Bande dessinée
Toulon : Soleil, 2020,  96 pages, 22.95 €

🙂 🙂 🙂 Rififi au pays des geishas

Tokyo, 1826. La jeune Isako accompagne son père, un tailleur renommé, afin de livrer un kimono à l’Okiya de Masako, une maison de geishas. En réalité, le deal comprend la jeune fille, qui est vendue à Masako sans autre forme de procès. Maigrichonne et ignorante des us et coutumes de la bonne société, Isako est mise au travail en tant que servante, avec la jeune Hiromi. Sa nouvelle amie est destinée à suivre bientôt l’école de geishas. Mais c’est Isako qui prend sa place, car sa mère, apprend-elle, était une geisha populaire et fort courtisée. Isako apprend par la même occasion l’existence de deux grandes sœurs, elles-mêmes des geishas réputées.
La tache de naissance qu’Isako porte dans le cou est également le signe d’une filiation particulière.

BD sur la vie d’une geisha

Pour nous être déjà penché sur la vie des geishas, nous savions déjà qu’il s’agissait d’un monde impitoyable. Ambassadrices des arts et du savoir-vivre, elles sont courtisées dès le 18è siècle par les hommes politiques, d’affaires ou par des particuliers fortunés.
Occupant une place prépondérante dans la société japonaise, elles affichent pourtant un revers de médaille peu reluisant : jalousie et enjeux financiers conduisent au vol, à la tromperie et au sabotage. Tous les coups sont permis dans les okiyas. Le raffinement de ces dames n’est pas incarné en toutes circonstances, concurrence oblige. De longues années de travail acharné, précédé d’un passé de servante, n’aboutissent pas toujours au résultat escompté.
L’intrigue d’Isabelle Plongeon, secondée par Carole Breteau, rend bien les tensions dramatiques qui ponctuent l’existence de ces artistes. Précisons au passage que les geishas ne sont ni des prostituées, ni des escort girls.

Scénario et dessin 100 % féminin

Le casting de « Parfum de soie » est 100 % européen, et féminin. Avec les deux scénaristes collabore Dana Dimat (séries « Elfes », « Filles de soleil »). Ses dessins sont magnifiques, et empreints de culture japonaise. Ils subliment le kimono et la beauté des geishas, qu’il est parfois difficile de distinguer une fois maquillées et coiffées. Heureusement, les dialogues et mentions des prénoms guident le lecteur, même attentif. La cérémonie du Koh-Do, une scène décisive qui va sceller le destin d’Isako, bénéficie de dessins aux dimensions généreuses, un choix intelligent et payant.
Un cahier graphique reprenant les personnages principaux et leur genèse est offert en fin de volume.
« Parfum de soie » est un récit complet. Notez qu’une première partie est parue en 2012, sous le titre de « Petite geisha ». En ignorer l’existence n’entrave en rien la lecture de cette belle suite.
Barbara Mazuin

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