L’agence

Nicol, Mike; traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Jean Esch
Policier & Thriller
Paris : Gallimard, 2019, 560 pages, 22 €

🙂 Barbouzeries sud-africaines

Afrique du Sud, de nos jours. Un militaire centrafricain en exil, le colonel Kolingba, est abattu à la sortie d’une église. Dans leur précipitation, les tueurs ont également mortellement touché la toute jeune fille du colonel. La confusion règne quant à l’identité des commanditaires, au point que la veuve du colonel fasse appel à un détective privé, Fish Pescado, par ailleurs grand surfeur devant l’éternel.
De son côté, Vicky Kahn, agente des services secrets et compagne de Fish, est envoyée en mission aux Pays-Bas. Il s’agit pour elle d’entrer en contact avec une certaine Linda Nchaba, qui assure avoir d’importantes révélations à faire sur un trafic de jeunes filles. Sur place, Vicky se rend compte que leur rencontre suscite l’intérêt d’autres personnes, qui ne souhaitaient visiblement pas que les infos détenues par Linda sortent au grand jour.

Un goût de lacunaire

Un président aux multiples épouses qui abuse de son pouvoir, divise, règne avec autorité et accumule les richesses sans vergogne. Des services secrets divers qui semblent mus par les intérêts propres de leurs dirigeants. Des agents qui ont parfois du mal à adhérer aux missions qui leurs sont confiées. Le portrait dressé de l’Afrique du Sud par Mike Nicol n’est pas tendre. Dans les hautes sphères, ce serait bien le genre « pas un pour relever l’autre ». Le fric et le pouvoir, servis par une violence sans limite. Les petits qui trinquent. On connaît la chanson. En-dessous, Vicky et Fish qui essaient d’y voir clair, comme nous d’ailleurs. Parce que la « méthode Nicol » repose d’abord sur une présentation sommaire de ses personnages et ensuite sur une évolution de son intrigue faite d’allusions évasives, de sous-entendus et autres ellipses. Le langage clair n’est pas le fort des espions et on éprouve parfois bien du mal à percer les objectifs de chacun. Bien sûr, au terme, on capte. Mais le chemin pour y arriver manquait parfois du plaisir qu’une histoire parfaitement passionnnante se révèle à même d’insuffler. Ici, l’entretien d’une nébulosité presque constante, propre aux romans d’espionnage peut-être, tend à donner à la lecture un goût de lacunaire qui reste en bouche jusqu’à la fin, aussi claire se révèle-t-elle pourtant.
Nicolas Fanuel

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