Le labyrinthe des femmes

Gatel, Coline
Policier & Thriller
Paris : Préludes, 2021, 496 pages, 19.90 €

🙂 🙂 🙂 Condition(s) féminine(s)

L’insoutenable
Lyon, 1898 :  des cadavres de femmes sont découverts au lieu-dit « La Croix Rousse », au fond d’un puits, dans un des multiples tunnels (d’où le titre) qui s’enfoncent sous la ville.
Deux étudiants en médecine et une journaliste ont récemment créé un groupe d’enquêteurs chargé d’étudier des cas criminels particulièrement retors. Aidés du professeur Lacassagne, le trio tâchera de mettre fin à ces crimes et de démasquer le ou les tueurs. Pourquoi les femmes sont-elles disposées comme lors d’un sacrifice ? Existe-t-il un lien entre les suppliciées ? Félicien, l’un des fondateurs du groupe, a-t-il retrouvé toute son efficacité depuis que Freud le traite par l’hypnose ?

Une nouvelle ère

La romancière nous entraîne dans le Lyon historique, décrit les méthodes d’une médecine judiciaire et du journalisme d’investigation. Elle décrit sans complaisance la condition sociale et féminine de l’époque, et, à la fin d’un « suspense » bien ficelé, nous découvrons l’identité du meurtrier.
J’ai trouvé le roman passionnant, basé sur des références historiques ( l’auteure a fait des études d’histoire), et décrit avec réalisme les sévices, les tortures auxquelles étaient soumises les aliénées (sous-alimentation, coups, bains glacés, ceinture de contention inventée et préconisée par le docteur Charcot, cachot…, dans le but de guérir l’hystérie). Les familles ainsi que les conjoints qui voulaient se débarrasser d’une fille, d’une mère, d’une épouse, les faisaient interner, après avoir généreusement rétribué le médecin qui signait l’admission.
Elle évoque également le trafic d’enfants, nés à l’intérieur de l’asile, et également, le réseau de « mères porteuses », fournies par l’asile.

Une lecture délicieusement éprouvante

Passée une introduction parfois obscure, et une fois que les personnages sont bien campés dans l’esprit du lecteur, la lecture du livre est aisée. Les situations morbides, décrites souvent en « odorovision » malmèneront les coeurs (et les estomacs) fragiles. L’auteure prend également soin d’expliquer la signification des mots empruntés au patois ou au vocabulaire scientifique ; cela ne s’avère donc pas contraignant pour les lecteurs.
Le roman a également le mérite de décrire la condition féminine en France à la fin du XIX° siècle, une époque pas si lointaine que çà, finalement, mais où la femme était encore considérée comme inférieure et où elle devait être obligatoirement soumise aux diktats de son mari et de la société machiste.
Un moment de lecture fort agréable, qu’il est cependant prudent de réserver aux lecteurs aguerris et pas trop sensibles.
Norma Boschian

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