L’épouse et la veuve

White, Christian ; traduit de l’anglais (Australie) par Isabelle Maillet
Policier & Thriller
Paris : Albin Michel, 2021, 329 pages, 21,90 €

🙂 🙂 Secrets et mensonges sur une île australienne

Le mari de Kate, sur le point de revenir d’un déplacement professionnel à l’étranger, disparaît. Son corps est rapidement retrouvé. Il a été assassiné sur l’île de Belport, où la famille possède une résidence de vacances. Kate et son beau-père ignorent pourquoi John se trouvait à Belport. Ils s’y rendent ensemble pour identifier le corps, et peut-être obtenir des réponses.
Sur cette île au large de l’Australie vit Abby, avec son mari et leurs deux enfants adolescents. Les rentrées d’argent de la famille dépendent de la présence des touristes, qui possèdent de belles villas que Ray entretient. Abby découvre que son mari lui cache des choses, de l’ordre de l’intime. Abby est désorientée, et décide de s’en ouvrir à son amie Bobbi, qui fait partie de la police.

Intrigue originale, sous des apparences classiques

A l’entame de ce thriller, le lecteur s’attend à un suspense assez convenu, qui rejoindra des milliers d’autres dans les « vite-lus-vite-oubliés ». De quoi passer un bon moment, certes.
Les points de vue des deux personnages s’alternent, chapitre après chapitre. La veuve, l’épouse. Chacune perd progressivement ses repères, aux prises avec un conjoint dont elles découvrent des parts d’ombre. L’un n’est plus là pour exposer ses démons, tandis que l’autre s’est renfermé sur lui-même.
L’intrigue est plutôt lente, sans que l’on ressente d’ennui toutefois. Les dialogues sont réalistes, et rendent bien l’atmosphère familiale chez Abby, aux prises avec deux adolescents et des soucis d’argent. Du côté de Kate, la relation avec son beau-père prend un caractère touchant. L’attente d’une rencontre entre Kate et Abby est plutôt grande, et l’intrigue addictive.
Le contexte îlien est particulièrement bien rendu. La différence sociale entre les estivants, assez nantis, et les îliens qui les accueillent malgré eux, sous-tend l’intrigue.
Cinquante pages avant la fin, un seul mot suffit pour provoquer un séisme narratif. Surpris, le lecteur n’a rien vu venir. Il s’agit là d’interrompre sa lecture et remettre les choses en perspective. Repasser certaines scènes-clés en tête est nécessaire. Le lecteur cherche la faille narrative : l’auteur est-il crédible dans sa démarche ? Oui, tout se tient. Christian White, auteur et scénariste australien, a bien mené son jeu. Il est connu notamment pour avoir coécrit le film « Relic » (2020). Son premier roman, « Le mystère Sammy Went » (2019), avait déjà provoqué un effet enthousiaste auprès des amateurs du genre.
« L’épouse et la veuve » est un roman qui vaut assurément d’être lu avec attention jusqu’au bout.
Barbara Mazuin

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Fill out this field
Fill out this field
Veuillez saisir une adresse de messagerie valide.
You need to agree with the terms to proceed