Noir diadème

Sebhan, Gilles
Policier & Thriller
Arles : Rouergue, 2021, 176 pages, 18 € (Rouergue noir)

🙂 🙂 🙂 Black World

Le lieutenant Dapper est dépêché sur les lieux d’un crime sordide, un jeune migrant a été sauvagement assassiné. Rapidement, il fait le lien avec les crimes du tueur en série Bauman mais le modus operandi ne colle pas complètement. L’enquête l’emmènera sur des chemins empreints de prostitution, de trafics d’organes et d’un casino en bord de mer.
La découverte du corps mutilé du jeune homme campe le décor dès les premières pages.
L’histoire défile calmement au rythme d’une enquête qui piétine. Les différents protagonistes et évènements survenus dans la vie de Dapper sont posés jusqu’à ce que ce dernier fasse des liens avec l’aide de son ancien collègue Lipsky, qui, lui, travaille sur les tueurs du Brabant. C’est alors, que l’enquête s’emballe et que toutes les pièces du puzzle se mettent en place.
Tous les chapitres portent un titre et sont rythmés chacun de 3 subdivisions numérotées. Les dialogues, qui habituellement sont séparés de tirets, sont ici écrits en italique à la suite du texte.
L’écriture est fluide et agréables avec de belles descriptions des lieux, des personnages et de leurs sentiments ou humeurs, constamment jalonnées de comparaisons.
Dapper est un homme qui prend les choses très à cœur mais « C’était seulement un flic qui faisait comme il pouvait, dans un monde qui avait pris un tournant inattendu et meurtrier » (p.44). Un homme empreint de son passé, avec la noirceur de son métier, avec la distance installée avec son propre fils. « A chaque pas qu’il avait fait pour retrouver son fils, il s’était approché d’une certaine vérité sur lui-même. Mais paradoxalement, cette découverte n’avait fait que le rendre étranger à ses propres yeux. C’était un homme qui se sentait désormais fait de cendres » (p.138).
On y retrouve différents thèmes qui unissent les différents protagonistes, tous s’y retrouvent, tous les vivent à leur manière.
La prostitution des jeunes migrants pour survivre et amasser assez d’argent pour payer un passeur. « Azlan ne pensait qu’à une chose, c’était passer de l’autre côté, par tous les moyens. » (p.51) . Celle de Marlène : « Elle songea que les hommes avaient toujours constitué pour elle une possibilité » (p.100).
L’abandon du lieutenant par son propre père, de lui-même vis-à-vis de son propre fils, de tous ces migrants laissés à leur triste sort dans un environnement hostile et dégradant.
Le sentiment de vide qui remplit Dapper face à sa vie, face à son identité, face à son enquête. C’est un homme se jetant corps et âme dans la quête de la vérité, menant jusqu’au bout l’objectif qu’il s’est fixé.
L’espérance de renaissance de tous les personnages vers une vie meilleure.
Le noir du titre, la noirceur des faits, les regards noirs, le rêve répétitif du lieutenant durant toute l’enquête.
Une belle plongée dans un univers policier tout en émotion qui m’a donné l’envie de découvrir les autres enquêtes du lieutenant Dapper mais également le reste de l’œuvre de Gilles Sebhan.
Hélène Monin

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