Octobre

Sveistrup, Soren ; traduit du danois par Caroline Berg
Policier & Thriller
Paris : Albin Michel, 2019, 663 pages, 22.90 €

🙂 🙂 Des marrons et des allumettes

Les policiers n’avaient jamais retrouvé la main de la jeune femme dont le corps venait d’être découvert en ce début de mois d’octobre. Par contre, le petit personnage fabriqué à partir de marrons et d’allumettes, celui-là, ils ne l’avaient pas loupé. D’autant qu’au deuxième cadavre de femme retrouvé quelques jours plus tard, le même petit bonhomme avait très vite été repéré. Par contre, les deux mains coupées de cette deuxième victime restaient tout aussi introuvables que celle de la première.

Improbable duo policier

A la tête de cette enquête, l’inspectrice Naia Thulin ne rêve que d’une chose : quitter la brigade criminelle de Copenhague pour rejoindre un des corps d’élite de la police danoise : la brigade de cyber-criminalité. Sur ce qu’elle espère bien être sa dernière affaire, elle doit se coltiner l’inspecteur Mark Hess, fraichement débarqué d’Interpol pour mauvaise conduite et qui lui ne rêve que de retrouver son confortable bureau de La Haye. Les deux flics, blanchis sous le harnais et très sûrs d’eux-mêmes, forment une très mauvaise paire, et si Hess la joue renfrognée, Thulin a plus de mal à cacher l’hostilité que lui inspire à priori son nouveau collègue. Toutefois, la procédure disciplinaire qui devait permettre à Hess de regagner ses pénates hollandaises s’éternisant, et leur affaire de femmes assassinées et amputées se doublant d’un écho politique, chacune des composantes de cet improbable duo policier se voit contraint de mettre de l’eau dans son vin.

Un écho à « The Killing »

Même s’il s’agit ici de son premier thriller publié, Soren Sveistrup n’est pas un débutant dans le domaine du suspense puisqu’il nous avait déjà enthousiasmés avec le scénario de la formidable série télé « The Killing ». Et le moins que l’on puisse dire, c’est que nous pouvons assez facilement déceler ici comme une parenté entre les deux œuvres. Des flics à priori mal assortis et qui, dans un premier temps, se testent et sont à la limite de se mettre des bâtons dans les roues. Un lien direct entre l’affaire criminelle et le monde politique, qui se double d’ailleurs de quelques incursions dans les coulisses du pouvoir. Des mésententes entre confrères policiers qui puisent aux racines de la plus crasse des misogynies, dégénérant en antagonismes évidents entre différents services. Et de fréquents focus sur la vie privée des personnages principaux -flics mais aussi politiciens. L’ensemble donne une intrigue rudement bien ficelée, nerveuse par son découpage en courts chapitres et par l’alternance de rebondissements et de scènes d’action pure qu’elle nous ménage. La paire de flics se révèle attachante sur le long terme, elle évite les clichés pour donner plutôt dans la sobriété et l’on se surprend à espérer leur retour dans un volume ultérieur. Amateurs des « Enquêtes du Département V »de Adler-Olssen, ceci est pour vous !
Nicolas Fanuel

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