Tomorrow

Milligan, Peter (scénario) : Hervas, Jesus (dessin) ; couleur James Devlin ;traduction Lucille Calame
Bande dessinée
Paris : Delcourt, 2021, (n.p.), 15,95 €

🙂 🙂 La course du violoncelliste

Oscar Fuentes n’est pas un monstre, il est juste neuro-atypique. Alors que le monde s’écroule autour de lui et que, comme la quasi-totalité des adultes, sa mère meurt quasi sous ses yeux, frappée par un mystérieux virus, lui ne pense qu’à sauver son violoncelle. Musicien hyperdoué, Oscar se présentait à un concours d’entrée d’une école de musique lorsque la catastrophe s’est déclenchée. Il n’a dès lors plus qu’une idée en tête : rejoindre Cira, sa sœur jumelle, restée dans leur maison familiale, à des milliers de kilomètres de lui. Cira est la seule personne à le comprendre, son âme sœur, son égale. Le voyage s’annonce périlleux : les survivants à la catastrophe (des enfants pour la plupart, regroupés en bandes plus sauvages les unes que les autres) ne développant qu’un intérêt limité pour un joueur de violoncelle.

Délitement carnassier

Partant d’une idée originale – un virus informatique qui s’attaque aux humains – le scénariste Peter Milligan ne pouvait envisager la résonnance de son histoire, écrite avant la première vague Covid, avec l’actualité. Et, pour résonner, ça résonne : impossible de ne pas penser qu’effectivement, fissurant les coutures de notre société, le vrai virus pourrait conduire au délitement carnassier décrit en ces pages. Les différents personnages -nombreux, mais construits avec intelligence, dotés de leur psychologie propre et d’un parcours les rendant identifiables- vont chacun à leur manière affronter les conséquences de ce à quoi ils assistent. Untel, geek surdoué, veut mettre ses enfants à l’abri puis sauver l’humanité grâce à ses connaissances informatiques ; un autre, concepteur du virus, tente de réparer ses actes ; d’autres recréent des ersatz de vie en société, butant à chaque fois sur le spectre d’un autoritarisme en embuscade. Au milieu, un lien frère/sœur, moteur apparemment indéfectible de jumeaux aspirant à se retrouver. Un récit post-apocalyptique sans pitié, fluidifié et dynamisé par le trait de Jesus Hervas, qui s’inscrit ici pleinement dans le style de la bd américaine actuelle, lorgnant sur les comics et sur…tiens tiens, « Walking Dead ».
Nicolas Fanuel

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